L'homme après l'homme
Satprem disait déjà :
"On n'est pas dans une crise morale, on n'est pas dans une crise politique, financière, religieuse. On est est dans une crise évolutive. On est en train de mourir à l'humanité pour naître à autre chose.
Alors tout est cassé -partout- tout est horrible -partout. Même dans les splendides cités américaines si confortables. C'est la même barbarie partout. Et il faut qu'on arrive au moment où la conscience vire dans une autre dimension.
On est au même point où à un certain moment de l'évolution, il a fallu passer d'une respiration branchiale à une respiration pulmonaire ou bien on axphyxiait. C'est ça qui se passe.
Un homme ne commence à être que quand il arrive au rien total de ce qu'il est, de ce qu'il croit, de ce qu'il pense, de ce qu'il aime. Quand on arrive à ce rien complet, alors il faut que quelque chose soit ou on meurt.
Moi, j"ai connu ça dans les camps de concentration. Il n'y avait plus rien. Tout était cassé, brisé. Il n'y avait rien à quoi s'accrocher. Alors quand il n'y a rien, qu'est-ce qu'il reste ? Quand tout s'écroule, qu'est-ce qu'il reste ? Il y a un centre de force, d'être. Il y a quelque chose qui reste et c'est ça la clé. C'est quelque chose qui est chaud, puissant, qui n'a pas de mots, qui est l'être, qui est ce qu'on est.
Tout est cassé pour nous obliger à arriver à cet instant humain où l'on est ce qu'est l'homme réellement. C'est ça la réalité humaine. Ca n'a pas de nom. Ca n'a pas de nom mais c'est une force. Et personne ne peut toucher ça.
Et c'est le maillon évolutif. C'est ça qui fait qu'on passera ailleurs dans une espèce moins tragique et moins ridicule. C'est cette réalité qui a la puissance de passer à une prochaine étape. Ce n'est pas nos philosophies, nos religions, nos politiques. Est-ce que la philosophie du poisson l'a jamais aidé à devenir un amphibien ? Est-ce que la religion du dinosaure l'a jamais aidé à devenir un mammifère ?
Alors, ce n'est rien de ce que nous connaissons qui nous aidera à traverser. Ce n'est pas Karl Marx, ce n'est pas le Pape. Ce n'est personne. C'est simplement cette chose qui est l'être pur de ce qu'on est, qui est comme le vrai battement de coeur. Alors ça oui, ça passe. Parce que c'est la seule réalité.
Et alors maintenant, le fait mondial, c'est qu'on casse toutes nos idées, tous nos sentiments, toutes nos moralités. On nous fait cette grâce. On est mis à nu pour trouver la chose qui peut survivre. La chose qui est créatrice. Parce que, quand on est dans ce point d'être, on comprend que c'est la force créatrice qui peut tout changer.
Seulement, ce n'est pas une affaire individuelle, l'évolution. Il faut que l'humanité, globalement, soit amenée à ce point irrévocable, ce point où tu es ou tu n'es pas."
(extrait d'un entretien avec Satprem dans le film de David Montemurri : l'homme après l'homme)