La fierte et la honte
La fierté et la honte sont pour moi parmi les pire fléaux de notre société.
Pourquoi serions-nous fiers de ce qui est indépendant de notre travail personnel, de nos efforts, de notre persévérance ?
La phrase que j'exècre le plus au monde est : "Je suis fier de toi !". De quel droit peut-on se permettre de tirer fierté des mérites d'une autre personne, d'en tirer profit, outre le fait que l'on rend l'autre dépendant de notre jugement, surtout si c'est un enfant. Car qui dit fierté dit risque de décception.
Ainsi, beaucoup d'humains sont fiers de leur niveau social, de leur physique, de leurs ancêtres, de leurs enfants, de leur patrie.... alors qu'ils n'ont aucune responsabilité dans l'affaire.
De même, pourquoi avoir honte d'un père ivrogne, d'un ancêtre miséreux, d'un nez trop long, d'un logement trop modeste, d'un enfant handicapé ?
La fierté et la honte sont des sentiments entièrement esclaves du regard de l'autre, du jugement social, ou celui que l'on suppose. Il y a des normes implicites, des règles morales et sociales autrefois imposées par la religion, et aujourd'hui relayées par les médias.
La seule raison d'être fier, c'est d'avoir réussi une tâche ardue, d'avoir surmonté un gros obstacle alors qu'on ne s'en croyait pas capable. On ne peut être fier que de soi-même.
Et l'on peut être honteux d'avoir mal agi, d'avoir manqué de compétence, de tact, de courage, de volonté.... Mais il est toujours possible de réparer nos erreurs. La honte ne doit être que passagère, la fierté aussi.
En devenant plus adultes, nous transformerons la fierté en satisfaction de l'oeuvre accomplie, en contentement voire en gratitude envers soi-même et l'univers. Nous transformerons la honte en remise en question, en prise de conscience et en capacité de se surpasser.