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Ame vivante

4 décembre 2022

ALLONS ENFANTS !

 

 

Source: Flickr

QUE L'ESPRIT DE LA FRANCE MURMURE A NOS OREILLES !

QUE L'AUBE D'UN NOUVEAU MONDE ANNONCE SES MERVEILLES !

O FRANCE, MONTRE-NOUS DE QUOI TU ES CAPABLE,

MONTRE DORENAVANT TON TALENT VERITABLE !

DEVOILE VAILLAMMENT SUR TON CHEVAL AILE

LES PREMISSES SOURIANTES. DE NOTRE DESTINEE !

MOROSITE AMBIANTE ET FUNESTES PRESAGES ?

VA, COURS, VOLE ET BALAIE CES MORTS SUR TON PASSAGE !

REDEVIENS LE HEROS, LE CHEVALIER SANS PEUR,

LE PIONNIER DE L'EVEIL, L'ECLAIREUR ET L'ACTEUR

DE NOS VIES PASSIONNEES, MONTRE LA VERITE !

OUVRE-TOI AUX TRESORS DE TON HUMANITE !

L'ANGOISSE QUI TE RONGE EST L'ETAT PASSAGER 

D'UN PEUPLE QUI HESITE A SE TRANSFIGURER.

O FRANCE POETIQUE, ARTISTE SENSITIVE,

TA FORCE NATURELLE, TA SAGESSE INTUITIVE

RECULENT, INTIMIDEES, DEVANT CE MONDE HOSTILE,

EGOISTE ET CUPIDE SANS BUT ET SANS MOBILES.

TU SENS MIEUX QUE PERSONNE LA VALEUR DE LA VIE,

TON AME DEBOUSSOLEE SE RETIRE ENGOURDIE

CAR TU NE COMPRENDS PLUS OU VA AINSI LE MONDE,

TA RESISTANCE PASSIVE PARALYSE ET INONDE

TA VOLONTE D'AGIR, TA FOI, TON OPTIMISME,

TANT QUE LES HOMMES FOUS RENIENT L'IDEALISME.

DANS TON INTIMITE, TU NE PEUX CONCEVOIR

UNE VIE SANS EXPLOITS, SANS GRANDEUR, SANS ESPOIRS,

AUJOURD'HUI LA RIGUEUR ET LE MATERIALISME

TE LAISSENT UN GOUT AMER, UN VAGUE PESSIMISME.

TU AS, PAR LE PASSE, FAIT FIGURE DE CHAMPION

DES LUTTES ACHARNEES POUR TA LIBERATION.

DESORMAIS PLUS DE FOI, PLUS DE BELLES CONQUETES,

TOUT N'EST QUE NOSTALGIE, FRUSTRATIONS ET REQUETES.

MAIS TON ESPRIT REBELLE NE PEUT QUE REBONDIR,

REPRENDRE SON ENVOL, SON ELAN, SON DESIR

DE POURSUIVRE PLUS LOIN L'AVENTURE DE LA TERRE,

TES RESSOURCES INTERIEURES TE DIRONT COMMENT FAIRE.

TU AS TOUJOURS ETE ET TU SERAS TOUJOURS

LE GAULOIS QUI S'OPPOSE AU REGNE DES VAUTOURS,

CELUI QUI NE CONNAIT NI LA RESIGNATION 

NI LA FIN NI LA MORT DE SA NOBLE MISSION.

O FRANCE DE BLESSURE, DE COURAGE, DE VISION,

FRANCE DE LA JUSTICE, DES PROFONDES PASSIONS,

NE LAISSE PAS LE MONDE, EN CUPIDE VASSAL,

ENVAHIR TA RAISON, DETRUIRE TON IDEAL !

IL TE FAUDRA LUTTER CONTRE VENTS ET MAREES

POUR COMBATTRE LE DIEU QUI REGNE A TES COTES,

LE FAUX DIEU, LE DEMON, TERRIBLE ET TOUT PUISSANT,

LE TENEBREUX CLINQUANT : LE POUVOIR DE L'ARGENT.

POUR CELA, IL TE FAUT, FRANCE, REMPLIR TON COEUR,

RENONCER AUX APPATS DU GRAND VIDE INTERIEUR,

Y DEVERSER A FLOTS CETTE CHALEUR HUMAINE

QUI JAILLIT, SE REPAND ET DISSIPE LA HAINE.

NE CRAINS PAS TES FAIBLESSES, RETROUVE LA CONFIANCE

QUI MAINTES FOIS A SU NOURRIR TES ESPERANCES !

O FRANCE DU PROGRES, FRANCE DES ORIGINES, 

REDONNE SA MAGIE A LA TERRE DIVINE !

 

 

 

 

 

 

 

 

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28 novembre 2022

Incertitude

 

 

Source: Flickr

La peur est légitime

En ce monde incertain,

C'est un cri unanime

Qui relie nos destins.

 

L'histoire de la Terre

A connu bien souvent

Des remous, des colères,

Mille bouleversements.

 

Dinosaures fossiles, 

Atlantides englouties...

La vie n'est pas facile

Au pays de l'Oubli.

 

Nous avons échappé

A l'horreur absolue

Dans un récent passé, 

Conquis notre salut.

 

Mais voilà qu'aujourd'hui

Notre paix relative

Lance un nouveau défi

A nos âmes craintives.

 

L'heure est à l'inconnu,

Il faut réinventer,

Sans repères en vue,

Une autre humanité.

 

Avancer à tâtons

Dans notre incertitude,

Sans canne ni bâton,

Prendre de l'altitude.

 

Traverser les nuages

De la vaste ignorance,

Avec pour tout bagage

La divine confiance.

 

Forcer l'imaginable

Et oser l'utopie,

Chasser l'irrémédiable,

Croire, croire en la Vie.

 

Dans le feu de l'action,

Tout semble s'écrouler,

Fatale destruction

D'un monde falsifié.

 

Nous voulons tout savoir

De notre destinée,

Assurer nos avoirs

Comme l'ont fait nos aînés.

 

Mais la foi nous impose

D'être les artisans

D'une oeuvre plus grandiose

Dans l'espace et le temps.

 

Il est en gestation

L'enfant, le nouveau-né,

Dans nos corps en fusion,

Dans nos coeurs malmenés.

 

Nouvelle création,

Mystère de l'inédit,

Vaine est la tentation

Des pâles nostalgies.

 

Un élan sans pareil

Nous pousse, nous entraîne

Vers cet ardent soleil

Qui assèche les haines.

 

On résiste, on s'accroche

Au passé qui rassure

Mais l'ouragan approche,

Souriant au futur.

 

On croyait au bonheur

Dans ce monde pervers :

Illusion et candeur

De nos âges de pierre.

 

Les vieilles références

Ont un goût d'amertume,

Tristes insuffisances

Des nos "doctes" coutumes.

 

 

Déjà pointe et surgit

En nos âmes de peine

La vision de l'Esprit

Retrouvant son Eden.

 

 

Il est là devant nous,

Et dedans il s'affaire

A trier les cailloux

Ou filtre la Lumière.

 

Il tâtonne dans l'Ombre

Où Dieu est endormi,

Cherchant dans les décombres

Le cristal qui reluit.

 

L'Eden était en nous

Mais l'Enfer le cachait,

Il suffisait, c'est fou,

D'entrouvrir les volets !

 

O Esprit, notre guide,

Déjà courent dans nos veines

Ta beauté douce et fluide,

Tes doigts de magicienne !

 

Que fourmille en nos corps

Ton Sourire d'enfance !

Que rayonne plus fort

La Joie de ta Présence !

 

 

 

 

 

 

 

 

17 août 2022

Les langues

 

Source: Flickr

Je me plais à écrire en poésie, en prose, à lire et à redire les mots "osmose","métamorphose", "apothéose"...

Enfant, j'étais avide de magie littéraire : mots surgis de nulle part ou hérités peut-être de nos lointains ancêtres ; mots ailés, mots boisés, sucrés, acidulés, mots langoureux, mots secs et rocailleux, doctes ou mystérieux qui berçaient tendrement mon esprit voyageur et l'emportaient bien loin des affres de la vie. Je ne connaissais pas leur signification mais le charme des sons savamment enrobés d'une élégance graphique suffisaient à mon âme pour combler de plaisir mon espace intérieur.

Le langage, dit-on, détermine en grande partie le caractère d'un peuple. C'est possible...! Ayant étudié plusieurs langues étrangères et travaillé à leur traduction, j'ai été amenée à établir des comparaisons et à faire des découvertes intéressantes.

On peut remarquer que les langues composées de beaucoup de voyelles ouvertes (telles que l'espagnol et l'italien) appartiennent à des peuples particulièrement extravertis voire bruyants. En revanche, la langue portugaise, très différente à l'oral, comprend beaucoup de phonèmes nasaux et chuintés (comme le finlandais), et effectivement, les Portugais sont des personnes assez sobres et discrètes, ainsi que les Finlandais. Par ailleurs, l'accent brésilien se caractėrise par ses voyelles fortement prononcées, et nous connaissons le tempérament enjoué et désinhibé de ce peuple. Nous pouvons aussi remarquer ce phénomène avec le français au Québec et l'anglais aux USA... En Fance, nous avons les deux, d'où peut-être une certaine versatilité, une certaine facilité à passer de l'humeur romantique à l'humeur colérique et vice versa.

Il y a aussi la structure du langagage, sa syntaxe. Curieusement, la langue allemande présente sa phrase en plaçant le verbe à la fin. Cela signifie-t-il que l'action est plus importante que le reste ? "Wilfried un énorme plat de viande sur la table a...". A quoi ? Mangé ? Découpé ? Renversé ? Suspense !!! On nous présente les circonstances mais il faut attendre la fin de la phrase pour connaître l'histoire. L'avantage, c'est que l'orateur risque moins d'être interrompu. Ca doit favoriser l'écoute attentive...!

Et puis il y a l'aspect culturel. Il y a une sorte de complicité ancestrale que même un étranger ayant une très bonne connaissance de la langue étudiėe ne peut pénétrer aisément. Le français, particulièrement, regorge de références langagières passées dans le vocabulaire courant que nous utilisons sans même nous en apercevoir : dictons populaires, moralités des fables de Lafontaine, citations de multiples auteurs de la littérature, extraits de textes blibliques, répliques de théâtre, jusqu'aux expressions cultes empruntées aux chansons et aux films cinématographiques.

 J'aime la sensibilité littéraire naturelle du peuple français et je souris toujours lorsque je vois sur l'autoroute les panneaux de signalisation et leurs messages de prudence rédigés en vers ! Sans parler des jeux de mots qui sont carrément un sport national.

 Une autre remarque qui appelle mon attention : les accents toniques. En anglais, c,est flagrant : si vous ne prononcez pas le mot avec l'accent tonique sur la bonne syllabe, on ne vous comprend pas ! C'est très strict. Il y en a aussi en espagnol, en italien et en portugais mais on vous comprend quand même si vous le ratez. En allemand, il n'y en a pas vraiment mais il y a une musique de la langue.

En français, il n'y a pas d'accents toniques obligatoires. La personne qui parle le met où elle veut selon le sentiment qu'elle veut exprimer. Essayez seulement de dire "oh, la, la !" quand vous êtes étonné, joyeux, dépité, catastrophé, admiratif, etc... Pas non plus de musique de la phrase, pas de règle, on la compose librement. Cela aurait-il une influence sur notre caractère national réputé rebelle, râleur et parfois explosif ? (Je fais ce que veux !).

Bref, l'étude des langues est un vaste sujet qui demande beaucoup de connaissances historiques, linguistiques, géographiques, ethniques... Je ne fais qu'ébaucher quelques petites réflexiions tirées de mon expérience personnelle, au fil de mes observations et de mes interrogations, hors des sentiers battus si possible.

Je voudrais ajouter que si l'union des peuples est une nécessité, leur diversité reste une richesse inaliénable. Les humains peuvent très bien réaliser l'unité, la tolérance, la compréhension réciproque en respectant la spécificité de chacun.

La tendance des gouvernants actuels à vouloir uniformiser la planète et ses habitants ne doit pas détruire ni assujettir l'originalité, la créativité, la liberté individuelles et collectives. Ce ne serait pas l'Unité véritable. Nous sommes Un et Multiple à la fois.

 

 

5 janvier 2022

Les âmes ensommeillées

Illusions  

 

 

Source: Flickr

Parfois sous le vernis

Se cache l'infamie,

Sous la grandiloquence

De mesquines vengeances,

Sous les mots charitables,

Des buts inavouables,

Sous une vaine élégance

De rustiques outrances.


Il y a la noblesse

Des marquis et comtesses,

Celle des apparâts

Aux sommets de l'Etat,

Gloires d´un éphémère

Passage sur notre Terre.

Puis la noblesse d'âme,

Cette éternelle flamme

Qui jamais ne renie

La mission de sa vie.

 

Il y a l'être branlant,

Titubant, succombant

 Au doux chant des sirènes

Incitant à la haine.

Diviser, diviser,

Toujours pour mieux régner,

L'ego séparateur

Est le dieu des "vainqueurs".


Ambition sans limites,

Toujours plus et plus vite...

Quelle obsession obscure

Érige en fière armure

Votre image exaltée,

De pouvoir assoiffée ?

Est-ce un vide intérieur,

Une angoisse, une peur,

Un besoin trop ardent

De se sentir vivant ???

 

Reprenez vos esprits,

Ambitieux démunis, 

L'âme en vous qui sommeille

Attend votre réveil !

 

 

 

 

2 janvier 2022

Ancien monde, nouveau monde…

Source: Flickr.              
.             J'entends beaucoup parler d'"ancien monde" et de "nouveau monde".

L'ancien monde serait celui que nous avons connu et que nous serions en train de quitter.

Cet ancien monde est l'objet de toutes les critiques pour les uns et de toutes les nostalgies pour les autres. Il est le temps du non respect de la planète, des femmes, des handicapés, des enfants, des animaux, des homos, des étrangers ; le temps du gaspillage, de la course à l'argent, au pouvoir, au paraître ; le temps de la technologie déshumanisante, de l'égoïsme, du narcissisme, du cynisme. Il est aussi le temps de la résistance anti-nazie, des conquêtes pour la liberté, d'un certain bien-être économique, d'une organisation sociale efficace, d'un progrès de l'éducation, d'une protection civile, médicale, administrative...

Le nouveau monde sera, paraît-il, merveilleux, empli de fraternité, d´amour inconditionnel, d'entraide, de joie partagée, de paix, de bienveillance. D'ici là...!

Les circonstances extérieures ne suffisent pas à transformer les hommes. Les vieux démons, enfouis dans les profondeurs, ressurgissent à la première occasion mais sont vite balayés ou maquillés et faussement transformés en vertus. Il y a donc des océans de crasse à nettoyer, individuellement et collectivement. J'aime croire aux miracles mais des millions de tonnes de boue ne disparaissent pas en un jour car il faut non seulement la dėceler en soi, il faut aussi vouloir l'éliminer. Cesser d'alimenter nos peurs en s'y cramponnant, cesser de céder à nos colères, nos jugements, nos méfiances, nos doutes, nos tristesses, nos désespoirs...

Sommes-nous arrivés à une époque charnière de notre évolution ? Sommes-nous en train de vivre une transition inédite dans notre histoire terrestre ?

Notre humanité a connu des personnages exceptionnels, des penseurs, des philosophes, des artistes, des êtres spirituellement très évolués qui ont éclairé les esprits, souvent au péril de leur vie face à la barbarie de leur époque. Mais leur influence n'aura pas été inutile ; aujourd'hui, un nombre grandissant d´individus sont en quête de vérité, travaillent sur eux, cherchent à s'améliorer. Leur tâche n'est pas facile dans une civilisation de matérialisme, de méfiance et d'incroyance. Et peut-être le moment est-il arrivé pour TOUS de s'adonner à l'introspection. Les émotions sortent au grand jour, plus moyen de cacher les névroses dans les sombres dédales du subconscient ; elles sont bien là, remontées à la surface, évidentes, éclatant au grand jour, attirant l'attention pour être traitées.

Notre monde ne peut progresser notablement que si toute la masse se soulève afin d' atteindre un autre niveau de conscience. Apparemment, nous étions prêts à vivre cette épreuve, capables de la supporter. Ele était nécessaire. Nous nous précipitions allègrement vers l'auto-destruction dans une course effrénée au "toujours plus". Plus de quoi ? Plus pour quoi ? Pour remplir un vide intérieur que les technologies tentent de combler ? Mais seule l'âme est capable d'apporter la sensation de plénitude. Il était temps de rétablir la vérité, redresser la barre, chasser le mensonge, repartir à zéro, le zéro de l'infini, le centre véritable de notre être. Il était temps de retrouver la vision de l'essentiel.

Gestation approchant de son terme ou plein accouchement ? 2022 nous en dira certainement plus. Pour l'instant, le bébé du nouveau monde n'est pas encore visible...

 

 

 

 

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26 décembre 2021

Les histoires…

  

Source: Flickr

Les histoires imaginaires n'ont-elles pas de valeur ? 

 Cela dépend de la qualité de l'imagination. Si vous dites que de développer l'imagination est une bonne chose, c'est vrai, seulement il faut faire attention à ne pas développer une imagination mensongère.

Les histoires imaginées ne mettent-elles pas en contact avec la vie, avec la vérité ?

Pas toujours ! 
Ne croyez-vous pas qu'il y ait assez de choses laides dans la vie sans en donner une image dans les livres ? C'est une chose qui m'a toujours étonnée, même quand j'étais enfant : la vie est si laide, si pleine de choses mesquines, misérables même parfois répugnantes, à quoi sert-il d'imaginer encore pire que ce qui est ? Si l'on imaginait quelque chose de plus beau, une vie plus belle, voilà qui vaudrait la peine. Les gens qui se plaisent à écrire des choses laides font preuve d'une grande pauvreté d'esprit - c'est toujours le signe d'une pauvreté d'esprit. Il est infiniment plus difficile de raconter une histoire belle d'un bout à l'autre, que d'écrire une histoire qui finit par un drame ou une catastrophe. Beaucoup d'auteurs, s'ils devaient écrire une histoire qui finit bien, d'une belle façon, ne pourraient pas le faire - ils n'ont pas assez d'imagination pour cela. Très peu d'histoires se terminent par un soulèvement, presque toutes se terminent par une chute - pour une raison très simple : il est beaucoup plus facile de tomber que de s'élever. Il est beaucoup plus difficile de finir son histoire sur une note de grandeur, de splendeur, de faire de son héros un génie qui cherche à se dépasser lui-même, parce qu'il faut être un génie soi-même pour cela, et ce n'est pas donné à tout le monde.

 

LA MÈRE

17 décembre 2021

Le mental

 

 

 

 

Source: Flickr
Faut-il neutraliser les préférences ou les oublier ?

 «Il ne faut pas en avoir !

Quand le mental devient silencieux, quand il cesse de juger, de se mettre en avant avec son prétendu savoir, on commence à pouvoir résoudre le problème de la vie. Il faut s'abstenir de juger, car le mental est seulement un instrument d´action, pas un instrument de connaissance vraie - laconnaissance vraie vient d´ailleurs .

Si l´on s'abstenait de juger, on arriverait à une connaissance de plus en plus précise de la Vérité, et les neuf dixièmes de la misère du monde disparaîtraient.

Le grand désordre du monde serait en majeure partie neutralisé si le mental pouvait admettre qu´il ne sait pas.»

 

La Mère - Entretiens

9 décembre 2021

L'idéal de l'unité humaine (5)

 

Source: Flickr

 

                                              La liberté est aussi nécessaire à la vie que ne le sont les lois et un régime. La diversité est aussi nécessaire que l'unité à notre véritable plénitude. L'uniformité absolue équivaudrait à la cessation de la vie, alors qu'au contraire la vigueur de la pulsation de la vie peut se mesurer à la richesse des diversités qu'elle crée. Et pourtant, si la diversité est essentielle à la puissance et à la fécondité de la vie, l'unité est nécessaire à son ordre, à son aménagement, sa stabilité. Nous devons créer l'unité, mais non nécessairement l'uniformité. Si l'homme pouvait réaliser une unité spirituelle parfaite, aucune uniformité d'aucune sorte ne serait nécessaire, car le jeu le plus extrême de la diversité pourrait s'exercer sans risque sur cette base. (...) Mais tandis que la puissance de vie dans l'homme exige la diversité, sa raison favorise l'uniformité. Elle la préfère parce que l'uniformité lui donne une forte et facile illusion d'unité en guise d'unité réelle, à laquelle il est beaucoup plus difficile d'arriver. Elle la préfère aussi parce que l'uniformité facilite la tâche d'établir la loi, l'ordre et l'enrégimentation. Elle la préfère enfin parce que l'impulsion naturelle du mental humain est de faire de toute diversité un peu forte, une excuse de conflit et de séparation, et, par suite, l'uniformité lui semble le seul chemin sûr et facile de l'unification.

Du fait des défauts de notre mentalité, l'uniformité doit jusqu'à un certain point être admise et recherchée. Cependant, le vrai but de la Nature est une unité réelle qui servira de base à une diversité féconde. Son secret est assez clair si l'on voit comme elle insiste toujours sur une variété infinie , tout en faconnant selon un unique plan général. (...) La variation naturelle entre les communautés humaines suit le même plan que celle des individus. Chacune engendre son caractère propre, son principe de variation et sa loi naturelle. (...) Par conséquent, nous constatons que c'est dans l'harmonie de notre unité et de notre diversité que se trouve le secret de la vie.

Sri Aurobindo

 

 

6 décembre 2021

L'idéal de l'unité humaine (4)

 

Source: Flickr

 

                                   Si l'unité de l'espèce humaine doit se réaliser par les mêmes voies et les mêmes moyens et d'une manière analogue à celle de la nation, nous devons nous attendre à ce qu'elle suive un cours analogue. Du moins, elle semble conforme à la loi naturelle de toute création = d'abord une masse imprécise une vague plus ou moins amorphe de forces et de matériaux, puis une contraction, un resserrement, une solidification dans un moule précis où peut enfin se dérouler en toute sécurité l'évolution féconde de formes vivantes variées. 

(...) La société idéale, l'Etat parfait, est celui où le respect de la liberté individuelle et la libre croissance de la personne vers la perfection s'allient au respect des besoins , de l'efficacité, de la solidarité, de la croissance naturelle et de la perfection organique de l'entité collective, société ou nation. De même, dans un agrégat idéal de toute l'humanité (une société internationale ou un Etat universel), la liberté nationale et la libre croissance des nations , leur réalisation individuelle, devraient s'allier progressivement à un esprit de solidarité et à une croissance, une perfection unifiées de l'espèce humaine. (...)

Il y a peu de chances que l'humanité jouisse d'une si rare bonne fortune, le fait serait sans précédent. On  ne peut pas s'attendre à des conditions idéales. Elles exigent une clarté psychologique, une modération générale, une intelligence scientifique commune et, par-dessus tout, une élévation et une rectitude morales dont ne se sont jamais encore approchés ni la masse de l'humanité ni ses gouvernements ni ses chefs. (...)

Tous les procédés d'unification s'appuiraient pratiquement sur l'usage de la force et de la coercition. Ils favorisent la croissance du principe d'autorité absolue, qui tend naturellement à introduire une rigidité, une uniformité, un système de vie mécanique et donc finalement incapable de progrès. Ils seraient amenés à réprimer, réduire, peut-être même abolir, toute forme de liberté qui, selon leur expérience, encouragent l'esprit de révolte et de résistance, c'est-à-dire toutes les grandes liberté d'action et d'expression individuelle qui constituent la meilleure part, la plus vigoureuse et la plus stimulante de la liberté humaine. Ils seraient obligés d'abolir, d'abord par la force, puis par des moyens de répression et de suppression légaux, tous les éléments de ce que nous appelons maintenant la liberté nationale.

(...) C'est ce qui s'est produit au cours du développement passé de l'humanité. La lutte de l'ordre et de l'uniformité contre la liberté est le fait dominant de toutes les grandes formations humaines et de tous les grands accomplissements de l'humanité, religieux, sociaux et politiques. Rien ne laisse encore prévoir un principe de développement plus raisonnable dans un proche avenir. Certes, plus qu'à aucune période connue de son histoire, l'homme semble être en train de devenir assez généralement un animal raisonnant, mais il n'est pas pour autant devenu un esprit beaucoup plus raisonnable et plus harmonieux , sauf sur un ou deux points, et il se sert encore de sa raison beaucoup plus souvent pour justifier ses conflits et ses oppositions que pour parvernir à de sages accords. Et toujours, son mental et sa raison sont à la merci complète des désirs et des passions de son être vital. Il faut donc supposer que même dans les meilleures circonstances, la vieille méthode de développement continuera de prévaloir et que la vieille lutte reprendra dès que l'on voudra procéder à une unification humaine. Le principe d'autorité et d'ordre cherchera une organisation mécanique tandis que le principe de liberté résistera et revendiquera un système plus flexible, plus libre, plus spacieux. Les deux vieux ennemis se battront pour le contrôle de l'unité humaine, comme ils se sont battus dans le passé pour le contrôle de la formation nationale., Au cours du processus, les circonstances favorisent toujours le pouvoir le plus étroit, et par conséquent la liberté nationale et la liberté individuelle seront vraisemblablement au pied du mur.

Ceci pourrait être évité si, au sein des nations elles-mêmes, l'esprit de liberté individuelle refleurissait avec son ancienne vigueur. Il demanderait alors le respect des mêmes libertés pour toutes les nations constituantes. Le resserrement et la mécanisation du processus d'unification coïncideront probablement, simultanément, avec un processus de resserrement et de mécanisation dans chacune des unités constituantes. Où donc, avec ce double processus de resserrement et de mécanisation, l'esprit de liberté trouverait-il une sauvegarde et de quoi se nourrirait-il ? Les vieilles formules pratiques de liberté disparaîtraient du coup et le seul espoir d'une saine progression dépendrait d'une reformulation de la liberté, issue de quelque puissant mouvement nouveau de la pensée humaine, spirituel ou intellectuel, qui réconcilierait la liberté individuelle et l'idéal collectif de vie en communauté, la liberté des groupements nationaux et le besoin nouveau d'une vie plus unie de l'espèce humaine. (...)

Pour l'organisation du gouvernement de l'espèce humaine, on peut concevoir une enrégimentation rigide sous une autorité centrale, comme certains systèmes socialistes, un régime qui supprimerait toute liberté individuelle et régionale dans l'intérêt d'une étroite organisation uniforme de l'éducation, de la vie économique, des habitudes sociales et morales, de la connaissance, de la religion même, bref de toutes les catégories de l'activité humaine. Pareille éventualité peut sembler impossible, mais croire que cette idée est impossible, c'est ne pas tenir compte de deux facteurs importants = d'abord, du progrès de la science qui permet de manipuler de plus en plus facilement des masses énormes (la guerre en est la preuve) et de régler des problèmes à grande échelle, puis la marche rapide du socialisme (tel le régime fasciste italien qui fait appel au principe de contrôle et de direction étatiques). Si l'idée  socialiste ou son application pratique sous un déguisement quelconque venait à triompher dans tous les continents, il pourrait en résulter naturellement une socialisation internationale , d'autant facilitée par les progrès de la science et de l'organisation scientifique et par la disparition des difficultés d'espace et de nombre. Il est possible, par contre, qu'après un cycle de luttes violentes qui mettrait aux prises l'idéal d'enrégimentation et l'idéal de liberté, la période socialiste de l'humanité se révélât d'une assez brève durée, comme le  fut l'absolutisme monarchique en Europe, et qu'elle fût suivie d'un autre cycle, inspiré davantage par un principe d'anarchisme philosophique, un cycle d'unité fondé sur la liberté individuelle la plus complète et sur une liberté de groupement naturelle, non forcée. Il se peut aussi que l'on arrive à un compromis = enrégimentation générale avec une liberté subordonnée plus ou moins vivante. Même si elle était peu vivante, cette liberté pourrait servir de point de départ à la dissolution du régime dès l'instant où l'humanité commencerait à sentir que l'enrégimentation n'est pas sa destinée ultime et qu'un nouveau cycle de recherche et d'expérience est à nouveau devenu indispensable à son avenir.

 

Sri Aurobindo

 

5 décembre 2021

L'idéal de l'unité humaine (3)

Source: Flickr

                                   Dans la nature physique, les organismes vivants ne peuvent pas vivre entièrement sur eux-mêmes. Ils vivent par des échanges avec les autres organismes vitaux, ou en partie par des écchanges et en partie en dévorant les autres, car tels sont les procédés d'assimilation communs à la vie physique séparée. Par contre, quand la vie s'unifie, une assimilation est possible qui dépasse l'alternative de s'entre-dévorer ou de continuer à rester séparé et distinct en limitant l'assimilation à une mutuelle réception des énergies déchargées par chaque vie sur les autres. Au lieu de cela, les énergies peuvent s'associer et se subordonner consciemment à l'unité générale, qui grandit alors par le processus de leur rassemblement. Quelques-unes d'entre elles, il est vrai, sont tuées et utilisées comme matériaux de nouveaux éléments, mais elles ne peuvent pas toutes être traitées ainsi, elles ne peuvent pas toutes être dévorées par une unité dominatrice, sinon il n'y aurait ni unification ni création d'une unité plus vaste, ni continuité d'une vie plus grande, mais seulement une survie temporaire de l'élément dévorant par la digestion et l'utilisation de l'énergie des dévorés. Pour l'unification des agrégats humains, le problème est donc celui-ci = comment les unités composantes pourront-elles se subordonner à une nouvelle unité sans mourir et disparaître ?

(...) Nous remarquons qu'en Europe comme en Asie, il existe une tendance à former une hiérarchie sociale fondée sur une division en quatre activités sociales différentes = l'autorité spirituelle, la domination politique, la double fonction économique de production et d'échanges commerciaux, enfin le travail et le service subalternes. L'esprit, la forme et l'équilibre qui ont résulté de cette quadruple hiérarchie ont beaucoup varié suivant les parties du monde ou les circonstances, mais le principe initial était presque identique. Partout la même force motrice et la même nécessité poussaient à la création d'une forme de vie commune large et efficace.

(...) La période féodale de l'Europe avec ses quatre ordres -clergé, roi et noblesse, bourgeoisie, prolétariat- ressemble d'assez près à l'ordre indien quadruple avec ses prêtres, soldats, marchands et shoûdra. Le Japon, sous la direction spirituelle et séculière du Mikado, est devenu l'une des unités nationales les plus vigoureuses. La Chine et sa grande classe de lettrés, qui unissait la connaissance spirituelle et séculière et les fonctions exécutives, avec son Empereur Fils du Ciel, a réussi à devenir une nation unie. 

(...) Le conflit de l'Eglise et de l'Etat monarchique est l'une des caractéristiques les plus importantes et les plus capitales de lhistoire de l'Europe. Ce conflit se fût-il achevé par un dénouement contraire, tout l'avenir de l'humanité eût été en péril. En tout cas, l'Eglise a dû renoncer à ses prétentions d'indépendance et de domination du pouvoir temporel. (...) La nation qui est parvenue à ce stade se doit de séparer l'exigence religieuse ou spirituelle de sa vie ordinaire, séculière et politique, en individualisant la religion, ou alors elle doit unir l'une et l'autre par une alliance de l'Eglise et de l'Etat qui soutienne l'autorité unique du chef temporel. (...)

En d'autres termes, si l'institution d'uner hiérarchie sociale fixe semble avoir été une étape nécessaire pendant les premières tentatives de formation nationale, il fallait qu'elle se modifie et prépare sa propre dissolution afin que les étapes ultérieures deviennent possibles. Un instrument qui est bon pour un certain travail et dans certaines conditions déterminées, devient nécessairement un obstacle s'il se perpétue quand les conditions changent et qu'un autre travail doit s'accomplir. Le cours des choses voulait que l'on passât de l'autorité spirituelle d'une classe et de l'autorité politique d'une autre, à la centralisation de la vie commune de la nation grandissante sous une direction séculière plutôt que religieuse. Une Eglise ou une caste sacerdotale prépondérante qui se confine dans sa propre fonction, est incapable de former l'unité politique organisée d'une nation, car elle est gouvernée par des considérations étrangères à la politique et à l'administration et il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle leur subordonne ses propres sentiments et ses propres intérêts. Il ne peut pas en être autrement, à moins que la caste religieuse ou la caste sacerdotale ne devienne aussi, comme au Tibet, une classe politique qui gouverne réellement le pays. En Inde, la prépondérance d'une caste guidée par des considérations et des intérêts sacerdotaux, religieux et partiellement spirituels -une caste qui dominait la pensée et la société et déterminait les principes de la vie nationale sans la gouvernmer ni l'administrer réellement- a toujours barré le chemin au développement national. C'est de nos jour seulement, après l'avènement de la civilisation européenne, que les considérations politiques et séculières sont passées au premier plan, qu'une conscience politique générale s'est éveillée.

La deuxième étape du développement de l'unité nationale a donc été marquée par une modification de la structure sociale. Cette étape s'est nécessairement accompagnée d'une forte tendance à abroger jusqu'aux libertés qu'offrait la hérarchie sociale fixe, et elle a généralement concentré le pouvoir entre les mains d'un gouvernement monarchique puissant , sinon absolu. Selon les idées démocratiques modernes, le monarque n'est tolérable que comme personnage décoratif inopérant ou comme un serviteur de la vie de l'Etat, mais il n'est plus indispensable en tant qu'autorité réelle. Pourtant, on ne saurait trop exagérer l'importance historique d'une royauté puissante pour la formation du type national tel qu'il s'est effectivement crée au moyen-âge. Même dans une Angleterre insulaire et individualiste, amoureuse de la liberté, les Plantagenet et les Tudor furent le noyau réel et actif autour duquel na nation a acquis une forme définitive, une vigueur adulte. Et dans les pays du continent, le rôle joué par les Capétiens et leurs successeurs en France, par la maison de Castille en Espagne et les Roumanov ou leurs prédecesseurs en Russie est encore plus frappant. Le Mikado a joué le même rôle pour la transformation du Japon en une nation de type moderne, l'instinct des rénovateurs l'a fait sortir de sa réclusion impuissante pour satisfaire à ce besoin intérieur. En Chine révolutionnaire, l'essai de brève dictature peut tout autant être attribué à ce même sentiment. (...)

Mais cette phase du développement national, quelque salutaire qu'ait été son rôle particulier, s'accompagne presque fatalement d'une suppression des libertés internes du peuple. C'est ce qui explique la sévérité avec laquelle la pensée moderne a jugé le vieil absolutisme monarchique et ses tendances. Car c'est toujours un mouvement de concentration, de resserrement, d'uniformité, de contrôle rigoureux et de direction à sens unique. (...)

L'Etat monarchique a écrasé ou subordonné les libertés religieuses des hommes et fait d'un ordre ecclésiastique servile ou complaisant le prêtre de son droit divin, et de la religion la servante du trône séculier. Il a détruit les libertés de l'aristocratie tout en lui laissant ses privilèges, et encore ceux-ci ne lui étaient-ils laissés que pour soutenir et étayer le pouvoir du roi. Après s'être servi de la bourgeoisie contre les nobles, il a détruit ses libertés civiques réelles et vivantes chaque fois qu'il le pouvait et ne lui a laissé que quelque forme extérieure de liberté avec sa part de droits et de privilèges spéciaux. Quant au peuple,il n'avait aucune liberté à perdre. Ainsi l'Etat monarchique a concentré entre ses mains toute la vie de la nation. L'Eglise l'a servi avec son influence morale, les nobles avec leur tradition et leurs aptitudes militaires, la bourgeoisie avec le talent ou la chicane de ses hommes de loi, avec le génie littéraire ou le pouvoir administratif de ses érudits et de ses penseurs, avec le talent naturel de ses hommes d'affaires. Le peuple a payé les impôts et servi de son sang les ambitions personnelles et nationales de la monarchie. Mais toute cette structure puissante, cette organisation étroitement tissée, était condamnée par son triomphe même et prédestinée à l'écroulement d'une chute brutale, ou d'une abdication graduelle plus ou moins involontaire devant les influences et les nécessités nouvelles. La structure monarchique a été tolérée et supportée aussi longtemps que la nation sentait consciemment ou subconsciemment sa nécessité et sa justification. Dès que son rôle eut été rempli et que son utilité eut disparu, la vieille contestation est revenue, dès lors pleinement consciente, et il n'était plus possible de la repousser ni de la supprimer d'une facon permanente. En faisant de l'ordre ancien un vulgaire simulâcre, la monarchie avait détruit ses propres fondements. L'autorité sacerdotale de l'Eglise, une fois contestée pour des raisons spirituelles, ne pouvait plus longtemps subsister par des moyens temporels, par l'épée et la loi. L'aristocratie, qui avait gardé ses privilèges en perdant ses fonctions réelles, était devenue odieuse et contestable pour les classes inférieures. La bourgeoisie, consciente de son talent, irritée par son infériorité sociale et politique, éveillée par la voix des penseurs, prit la tête du mouvement de révolte et fit appel à la populace. Les masses (muettes, opprimées, douloureuses) se soulevèrent avec le nouvel appui qu'on leur avait autrefois refusé et renversèrent toute la hiérarchie sociale. D'où l'effondrement du monde ancien et la naissance d'un âge nouveau.

Nous avons vu la justification du grand mouvement révolutionnaire. L'entité nationale ne se forme pas et n'existe pas pour elle-même. Sa raison d'être est de fournir le cadre d'une agrégation plus vaste où le génie de l'espèce, et non plus seulement de quelques classes ou de quelques individus, pourra progresser vers un développement humain  complet.

Tant que le travail de formation est en cours, ce développement plus large peut être retardé, et la considération primordiale doit être l'ordre ou l'autorité, mais dès que l'existence de l'agrégat est assurée et que celui-ci ressent le besoin d'une expansion intérieure, il n'en va plus de même. Alors les vieux liens doivent éclater et les moyens qui avaient servi à la formation doivent être maintenant rejetés comme des obstacles à la croissance. La liberté devient le mot d'ordre du genre humain. L'ordre ecclésiastique , qui supprimait la liberté de pensée et le progrès éthique et social nouveau, doit être dépossédé de son autorité despotique afin que l'homme devienne mentalement et spirituellement libre. Les monopoles et les privilèges du roi et de l'aristocratie doivent être détruits afin que tous puissent avoir leur part de la puissance, de la prospérité et de l'activité nationales. Enfin, le capitalisme bourgeois doit être amené, par la persuasion ou la contrainte, à consentir à un ordre économique d'où la souffrance, la pauvreté et l'exploitation seront éliminés et où la richesse de la communauté sera plus équitablement partagée entre tous ceux qui contribuent à la créer. Dans tous les domaines, les hommes doivent entrer en possession de leu dû, réaliser la dignité et la liberté humaines qui sont en eux et donner libre essor à leurs capacités les plus hautes.

Mais la liberté est insuffisante, la justice aussi est nécessaire et devient une revendication pressante. Dans un ordre social équitable, les chances doivent être égales pour tous. Une égale éducation doit permettre à chacun de développer et d'utiliser ses facultés. Une part égale aux avantages de la vie de l'agrégat doit autant que possible être réservée à ceux qui contribuent à son existence, à sa vigueur et son développement par leurs capacités. Comme nous l'avons noté, ce besoin d'expansion interne aurait pu prendre la forme idéale d'une libre coopération guidée et protégée par une autorité centrale sage et libérale qui aurait représenté la volonté commune. Mais en fait, nous sommes revenus à la notion antique d'un Etat absolu et efficace, non plus monarchique, ecclésiastique ni aristocratique, mais séculier, démocratique et socialiste, où la liberté est sacrifiée au besoin d'égalité et à l'efficacité de l'agrégat. Peut-être la liberté et l' autorité, la liberté et l'efficacité organisées ne peuvent-elles pas se concilier d'une facon tout à fait satisfaisante tant que l'homme individuel et collectif vit dans l'égoïsme, tant qu'il est incapable d'opérer une profonde transformation spirituelle et psychologique  et de dépasser la simple association collective pour s'élever jusqu'au troisième idéal, que par une vague intuition les penseurs révolutionnaires de France ont ajouté à leur mot d'ordre de liberté et d'égalité -le plus grand des trois, bien qu'il ne soit encore qu'un mot vide de sens sur les lèvres des hommes- l'idéal de fraternité, ou, traduit d'une facon moins sentimentale et plus vraie = l'idéal de l'unité intérieure. Cet idéal, aucun mécanisme social, politique ni religieux ne l'a jamais créé et ne peut le créer. Il doit prendre naissance dans l'âme et jaillir du dedans, des profondeurs cachées et divines. 

 

 Sri Aurobindo

 

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