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Ame vivante
25 novembre 2021

L'idéal de l'unité humaine (2)

 

Source: Flickr

 

                                 " (...) Dans les relations entre l'individu et le groupe, la méthode constante de la Nature prend l'aspect d'une lutte entre deux tendances humaines aussi profondément enracinées l'une que l'autre = l'individualisme et le collectivisme. D'un côté, nous avons l'Etat avec son autorité, sa perfection et son développement accaparants. De l'autre, l'homme individuel avec sa liberté, sa perfection et son développement distinctifs. L'idée d'Etat, machine vivante, petite ou grande, et l'idée de l'homme, personne de plus en plus distincte et lumineuse, dieu en croissance, se trouvent en perpétuelle opposition. C'était la famille, la tribu ou la cité (polis), c'est devenu le clan, la castre ou la classe (gens). C'est maintenant la nation. Demain ou après-demain, ce sera toute l'humanité. Mais même alors la question continuera de se poser entre l'homme et l'humanité, entre la personne en voie de libération et la collectivité accaparante.

(...) Après tout, qu'est-ce que l'idée d'Etat ? Théoriquement, c'est la subordination de l'individu au bien de tous. Pratiquement, c'est sa subordination à un égoïsme collectif -politique, militaire et économique- qui cherche à satisfaire certaines visées et ambitions collectives concues et imposées à la grande masse des individus par un nombre plus ou moins restreint de personnes dirigeantes qui sont censées représenter la communauté d'une manière quelconque. Peu importe que ces personnes appartiennent à une classe gouvernante ou qu'elles émergent de la masse par la force de leur caractère, cela ne fait aucune différence essentielle. Dans tous les cas, il n'est aucune garantie que la classe dirigeante ou le corps dirigeant représente la meilleure intelligence de la nation ni ses buts les plus nobles ni ses instincts supérieurs.

Rien de tel n'existe chez le politicien moderne, en aucune partie du monde. Il ne représente pas l'âme d'un peuple ni ses aspirations. Ce qu'il représente, d'habitude, c'est toute la petitesse moyenne, l'égoïsme, l'égocentrisme et la duplicité qui l'entourent. Cela, il le représente assez bien, et aussi beaucoup d'incompétence mentale et de conventions morales, de timidité, de prétention. De grands problèmes se présentent souvent à sa décision, mais il ne les traite pas avec grandeur. Des paroles élevées et de nobles idées sont sur ses lèvres, mais bien vite elles deviennent le boniment d'un parti. La maladie et le mensonge de la vie politique moderne sont évidents dans tous les pays du monde. Seul le consentement hypnotisé de tous (et même des classes intellectuelles) à cette grande imposture organisée, masque et prolonge la maladie. Et pourtant, ce sont ces mentalités-là qui ont à décider du bien de tous. C'est à ces mains-là que notre bien doit être confié. C'est à ces agents, parés du nom d'Etat, que, de plus en plus, l'individu est mis en demeure d'abandonner la  gestion de ses activité. En fait, ce n'est d'aucune facon le plus grand bien de tous qui est ainsi assuré, mais beaucoup de mal et de confusion organisée, avec pourtant un peu de bien qui s'achemine vers un progès réel, car, toujours, la Nature va de l'avant, malgré tous les faux-pas, et finalement elle atteint son but en dépit de l'imparfaite mentalité de l'homme, plus souvent que grâce à elle.

(...) Il est donc tout à fait improbable que dans l'état actuel de l'espèce, une saine unité humaine puisse s'établir par un mécanisme d'Etat, fusse par un groupement d'Etats puissants et organisés jouissant entre eux de relations réglées et légalisées, ou par un Etat mondial unique qui se substituerait à l'actuel concert des nations, mi-chaotique, mi-ordonné, et la forme de cet Etat mondial fût-elle un unique empire comme l'Empire romain, ou une unité fédérée. Il se peut qu'une unité de ce genre soit destinée à naître dans le proche avenir humain afin d'accoutumer l'espèce à l'idée et à la possibilité d'une vie commune, mais pareille unité ne peut pas vraiment être saine, durable ni profitable pour la destinée humaine , à moins que n'apparaisse quelque chose de plus profond, de plus intérieur et de plus vrai. Autrement,  l'expérience du monde antique se répétera à une plus grande échelle et en d'autres circonstances. L'entreprise s'effondrera, cédant la place à un nouvel âge de reconstruction dans la confusion et l'anarchie. Peut-être cette expérience aussi est-elle nécessaire à l'être humain. Pourtant il devrait nous être possible maintenant de l'éviter si nous subordonnons les agents mécaniques à notre développement vrai en cultivant une humanité moralisée et même spiritualisée qui sera unifiée, non seulement dans sa vie extérieure et dans son corps, mais dans son âme intérieure." (à suivre)

Sri Aurobindo                                                                                                        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
D
Tout un proramme !! Il est temps pour les hommes politques de prôner des valeurs spirituelles( tolérance, soldarité, respect des autres...) et non de continuer à véhiculer des slogans politiques. Les hommes politiques sont des bonimenteurs, des camelots de l'illusion !
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Ame vivante
  • Bonjour, je me propose d'écrire sur ce blog mes réflexions au jour le jour, mes coups de coeur, mes interrogations, mes agacements parfois aussi. Nous vivons une période cruciale dans l'histoire de l'humanité. Restons éveillés !
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